Des dons alimentaires pour survivre au Brésil en pleine pandémie. La triste réalité pour de nombreuses familles dont la situation s’est aggravée depuis que le gouvernement a stoppé son programme inédit de subventions sociales, mis en place durant la crise sanitaire.
La peur du virus et la peur d’avoir faim
Jusqu’au 31 décembre, un versement de 100 euros par mois permettait de nourrir cette famille de huit personnes. Sans emploi, Michele ne sait pas ce qu’elle craint le plus aujourd’hui : la peur du virus ou la peur d’avoir faim. “J’ai pensé aller vendre de la tequila et de la bière à une soirée hier. Mais ma mère a dit : tu es folle ? N’ y vas pas ! Il y a une maladie là-bas. Je suis entre le marteau et l’enclume.”
Le programme d’aide d’urgence n’était plus viable, selon le gouvernement brésilien, qui évoque un trou énorme dans des finances publiques déjà en lambeaux. Conséquence : une bouée de sauvetage a disparu pour quelque 30 millions de familles.
La fin d’un programme inédit d’aides sociales
L’économie brésilienne s’est contractée de 4,5% l’an passé. Si les indicateurs macroéconomiques indiquent que le Covid-19 a eu un impact moins important que prévu, les économistes préviennent : des millions de personnes dans le pays risquent de tomber sous le seuil de l’extrême pauvreté.
Eduardo Moreira est économiste au Brésil : “On a tendance à regarder le PIB et à dire : oh, il a augmenté de 2%. C’est bien, mais personne ne mange du PIB. Voulez-vous une part de PIB pour le petit-déjeuner ? En 2021, des gens vont entrer dans tous les indicateurs de pauvreté, ils vont manquer des choses les plus élémentaires pour survivre. Et je ne parle pas de dignité, je parle de survie.”
Les mères célibataires, pauvres
Pour tenter d’éviter le pire, des ONG prennent le relais afin de combler le vide laissé par le gouvernement. L’association CUFA se concentre sur une partie de la population qu’elle juge la plus fragile face à la crise : les mères pauvres et célibataires.
Mario Love est coordinateur chez CUFA : “Quelque chose de très symbolique s’est produit ici : la première personne à mourir du Covid-19 à Rio de Janeiro était une femme de ménage. Nous avons donc rapidement compris qui serait le plus touché s’il n’y avait pas d’intervention spécifique.”
Viviane est femme de ménage. Comme la majorité des personnes venues collecter des dons alimentaires aujord’hui, elle a perdu son emploi à cause du Covid-19. Sans revenu, elle dépend entièrement de cette aide pour nourrir sa famille. “Sans cette aide, j’aurais faim“, dit-elle.