« Je vais pouvoir vous faire boire de la Nonette », sourit Erwan avec un regard malicieux en serrant un purificateur d’eau entre ses mains. Après l’avoir placé dans un seau rempli de l’eau de la rivière bordant son jardin partagé de Senlis (Oise), le quarantenaire presse à plusieurs reprises la petite pompe filtrante en plastique. En quelques secondes, l’eau douce, légèrement verdâtre, remonte par le système de filtration et se déverse via un petit tuyau directement dans un verre. « Et voilà l’eau de votre rivière locale, parfaitement propre à la consommation », déclare Erwan en levant le récipient contenant de l’eau maintenant parfaitement claire. Le commercial s’est procuré ce filtre quelques semaines auparavant ‚« au cas où », pour avoir de l’eau consommable « partout », « tout le temps ». « Il y a une centaine de communes en France qui ont eu des coupures d’eau cet été (…) Si un jour j’ai besoin d’aider mes proches, je sais que je suis équipé », confie-t-il. Le purificateur fonctionne pour l’eau douce : pluie, rivières, étangs, puits… Pour un usage domestique, les prélèvements de moins de 1 000m3 par an sont autorisés. Il faut cependant se renseigner auprès de sa commune sur la réglementation en vigueur, surtout en temps de sécheresse. Son purificateur, il se l’est procuré auprès de Fonto de Vivo. Depuis la sécheresse, la start-up nantaise est débordée de demandes de particuliers français. « On est abasourdi », réagit David Monnier son cofondateur. Car à l’origine, cet ancien travailleur humanitaire a développé ce produit pour les ONG, pour répondre à des besoins d’eau potable dans des situations d’urgence dans des pays qui en manque cruellement. « Plusieurs centaines » de purificateurs ont été vendues depuis le mois d’août à des particuliers français, selon l’entreprise qui a ouvert, face à l’ampleur des demandes, une prévente en ligne. En filtrant les virus et les bactéries grâce à un système de pompage mécanique, le purificateur rend l’eau douce (rivière, lac, pluie…) propre à la consommation… Mais ne rend pas l’eau véritablement « potable », prévient Fabienne Lagarde, spécialiste en chimie de l’environnement. « Dans une eau qualifiée de potable en France, on surveille également que des polluants chimiques, qui peuvent être présents dans l’eau d’une rivière par exemple, soient éliminés lors du traitement », précise l’universitaire en recommandant un usage ponctuel de l’eau purifiée par le produit.