C’est un sujet qui revient souvent. De plus en plus souvent. Un peu partout en France, beaucoup de collectivités ou d’établissements cherchent dorénavant à s’équiper en purificateurs d’air. Certains modèles, équipés notamment des filtres les plus performants, ont une efficacité contre la propagation du Covid-19, selon une récente étude, réalisée en laboratoire, financée par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette dernière a déployé « 2500 purificateurs dans 285 lycées et dans 189 communes pour leurs
écoles ». Mais faute d’étude en conditions réelles, le sujet fait toujours
débat. Ces dispositifs sont-ils des outils supplémentaires, fiables, contre la propagation du Covid-19. « Oui », répondent certains ; « Pas sûr », répondent d’autres… Et si « oui », quels modèles ? Et comment bien les utiliser ?
Le gouvernement, réticent il y a encore quelques mois, a changé de position récemment. « Nous encourageons les collectivités pour les capteurs de CO2 et les purificateurs d’air », a déclaré Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, le 22 avril dernier. Mais dans son dernier avis sur la question, paru le 27 mai, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande notamment « de prévoir, pour chaque implantation d’unités mobiles de purification de l’air dans un lieu donné, une étude technique préalable par une personne qualifiée ou par le fournisseur industriel ».
A Paris, dans le IXe, Delphine Bürkli a fait installer il y a trois ans des purificateurs d’air et des détecteurs de CO2 dans les 150 classes de son arrondissement. La maire du IXe (DVD) loue un dispositif qu’elle avait mis en place, bien avant l’apparition du Covid, pour assainir l’air ambiant, et qu’elle défend dans la lutte contre le virus. L’association « Respire », partenaire de la mairie du IXe sur ce sujet, a mené une étude entre février et avril 2021 dans deux écoles de l’arrondissement et conclut que « les purificateurs – positionnés sur la puissance 1, la plus basse – permettent de diminuer de 20 à 30 % la pollution aux particules. Les capteurs de CO2 contribuent à améliorer l’aération des classes. Ensemble, ils contribuent à améliorer la qualité de l’air que respirent les enfants et à lutter contre la propagation du Covid-19 ». Le dispositif va s’étendre dans les réfectoires avec des purificateurs plus puissants. A ce titre, le fabricant choisi par la mairie a mené sa propre étude dans l’un des réfectoires test.
A la mairie de Paris, on est en revanche beaucoup plus dubitatifs. « Rien ne prouve, quand c’est un petit engin comme celui qui est mis dans un certain nombre de classes à Paris, qu’il est efficace. On n’a pas une littérature assez précise et assez sérieuse sur le sujet. En tout cas sur ces petits modèles », estime Anne Souyris. L’adjointe à la maire de Paris, en charge de la Santé, est favorable au déploiement de capteurs de CO2 dans les écoles parisiennes. Mais sur le sujet des purificateurs d’air, elle demande plus de clarté au gouvernement et demande qu’une vraie étude de référence soit effectuée.
Pour Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au CNRS, les purificateurs d’air peuvent avoir une efficacité contre le virus. A certaines conditions : avoir les bons filtres (Ndlr, Hepa 13 ou Hepa 14),
avoir des purificateurs suffisamment puissants selon le volume des pièces, et
bien gérer la maintenance de ces appareils. Tous les acteurs interrogés sont en revanche d’accord sur un point : le purificateur d’air n’est pas une
solution miracle et ne doit pas faire oublier les autres gestes barrière.